CHAPITRE VIII
Aux yeux de Maraoua et de tous ceux qui l’entouraient, la fuite de Tomao équivalait à un aveu de déloyauté et contribuait à affirmer le prestige que l’envoyé d’Alpha venait d’acquérir. Un grand pas était accompli, mais il sentit bien vite que la situation, en évoluant, venait de faire surgir de nouveaux problèmes. Il n’était que de voir l’air de consternation peint sur tous les visages et l’ombre qui avait envahi les traits de la reine.
— Que se passe-t-il, maintenant ? La disparition de ce lâche semble t’inquiéter.
— Je m’excuse de mon attitude, Qât. La révélation que tu nous apportes nous comble de joie et nous devrions la manifester en nous efforçant de rendre le plus agréable possible ton séjour parmi nous. Mais j’ai peur que le loisir ne nous en soit pas donné si tu ne viens pas à notre aide. Tu as sauvé Raha, sauve-nous aussi. Car, sinon, je ne serai plus là pour t’écouter et te servir.
— Quel ennemi peut menacer Tané, la plus puissante des nations d’Hirm ?
— Oui, Tané est puissante bien que sa force soit dérisoire au regard de la tienne, puisque tu la tiens de Maoui. Mais l’ennemi ne viendra pas du dehors, il est déjà là. Celui qui t’a amené ici, Oupao, est non seulement le chef de ma garde personnelle, mais aussi l’un de mes meilleurs conseillers militaires. Son esprit est clair, il t’expliquera mieux que moi.
Alan se tourna vers l’officier, l’encouragea d’un sourire.
— Parle donc, ami.
— C’est très simple, honoré Qât, trop simple, au fond… Tout vient de ce Tomao que j’ai toujours détesté et que j’aurais dû empêcher de s’enfuir. Il faut d’abord que tu saches que la caste des guerriers tanéens est formée de plusieurs clans, originaires chacun d’une province. Le plus puissant d’entre eux est justement celui dont Tomao est le chef. Il y a quelques jours encore, il comportait plus de sept mille hommes : trois mille ont péri dans l’attaque que tu as repoussée, il en reste encore au moins quatre mille. Ce sont eux qui campent en ce moment autour de Ndégué.
— Et qu’il est allé rejoindre… A combien se monte le reste des forces tanéennes ?
— Trente mille guerriers environ : c’est-à-dire que, en dehors du clan de Tomao, il y en a quinze autres qui représentent chacun en moyenne deux mille combattants. Sauf lorsqu’une expédition est décidée, ils demeurent sur leurs territoires respectifs tout le long des frontières. Après la perte de l’escadre qui avait été envoyée pour appuyer la demande de tribut, nous nous sommes considérés en état de guerre et le rassemblement général a été ordonné. Le clan de Tomao se trouvait déjà sur place. Les autres doivent parcourir des distances parfois très grandes avant d’atteindre le plateau. Les premiers n’arriveront guère avant la fin de la journée prochaine.
— Tous ceux-là seront fidèles à leur reine ?
— Dans l’ensemble, oui. Mais tu vois comment se présente la situation. C’était parce qu’il disposait de l’unité la plus forte que Tomao était devenu le principal chef de guerre de Tané.
— Je sais que ce n’était certainement pas en raison de sa valeur personnelle…
— Non, mais ses soldats, eux, forment une élite, et ils lui obéissent aveuglément. Tu l’as humilié par deux fois, tu lui as infligé une cuisante défaite, tu l’as montré tel qu’il était aux yeux de Maraoua et aux nôtres. Il est désormais un hors-la-loi, il n’a qu’un seul moyen de se tirer d’affaire : un moyen qui satisfera à la fois son orgueil et sa soif de vengeance. Envahir Ndégué, massacrer la garde, emprisonner Maraoua pour mettre à sa place une femme de sa famille. Quand les autres clans arriveront les uns après les autres, ils se trouveront devant un fait accompli et, divisés par les distances qui les séparent, ne pourront pas ou n’oseront pas réagir.
— Quel est l’effectif de ta garde ?
— Cinq cents hommes prêts à se faire tuer jusqu’au dernier. C’est tout ce que nous pourrons faire, d’ailleurs ; même une tentative de sortie est impossible puisque nous sommes complètement encerclés.
— Si Tomao est vraiment décidé à recourir à des moyens extrêmes et à s’emparer du pouvoir, il devra le faire cette nuit, puisque dès demain commenceront à arriver les autres clans et, pour reprendre tes propres paroles, il faut qu’il les mette devant le fait accompli. Je te remercie, Oupao, ton exposé de la situation est parfaitement net. Quatre mille guerriers nous cernent, se préparent à nous attaquer et nous ne sommes que cinq cents. Plus moi.
— Plus toi ! s’exclama impétueusement Maraoua. Tu les arrêteras, n’est-ce pas ?
— Nous les arrêterons. Tu peux compter sur mon aide ; du reste, je te la dois puisque c’est ma venue qui est la cause du danger qui te menace.
— Ordonne. Tous t’obéiront. Oupao commandera les manœuvres que tu décideras. Dans quelles mains notre sort serait-il mieux placé que dans celles d’un héros ?
— Alors, voici mes premiers conseils. Je voudrais qu’un poste de surveillance soit établi près de l’extrémité de chacune des avenues radiales pour observer les mouvements éventuels de l’ennemi et, le cas échéant, en informer rapidement Oupao grâce à des relais de coureurs. Comme, toutefois, l’attaque ne se produira certainement pas avant le milieu de la nuit, suivant la tactique bien connue qui consiste à profiter du moment où la fatigue de l’attente et le besoin de sommeil affaiblissent les réactions de l’adversaire, nous devons ménager nos propres forces jusque-là. Personnellement, je demande une chose : une chambre où on me laissera seul afin que je puisse dresser mes plans. Incidemment, il ne me déplaira pas de trouver dans cette chambre un peu de nourriture et du vin – comme les simples mortels, un héros aime parfois manger et boire…
Dans la pièce où la reine tint à le conduire elle-même, tout avait été préparé en un clin d’œil : une couche moelleuse de fourrures et une table sur laquelle s’étalait un véritable festin. Avec un dernier regard où brillait quelque chose de plus qu’une muette prière, Maraoua referma la porte sur lui et le bruit de ses pas s’éteignit dans le couloir. Un autre son s’éleva alors entre les murs, la voix de Maoui ou, plus exactement, celle du commandant Lombard.
— J’ai eu chaud, docteur, et pendant un moment, je n’aurais guère aimé être à votre place ! Mon intervention « divine » semble avoir été convaincante ?
— Elle était parfaite, mon vieux. Pour un peu, je me serais prosterné comme Maraoua.
— Elle est aussi jolie que Voanna ? interrogea Derek.
— Différente, mais pas mal du tout. Si je devenais un dieu comme vous me le proposiez, je serais assez tenté d’instaurer la loi de polygamie… Mais nous n’en sommes pas encore là. Vous avez tout entendu ?
— Entendu, enregistré et même retransmis à la sonde, reprit Lombard. Vous saviez au départ que vous alliez vous fourrer dans la gueule du loup, mais vous ne pensiez pas qu’elle risquait de se refermer sur vous de cette façon, n’est-ce pas ? Je crois qu’il n’y a plus qu’une chose à faire : oublier pour un moment les lois fédérales et intervenir radicalement. La chance veut que vous vous trouviez au centre d’une ville de forme circulaire ; rien n’est plus facile que de diaphragmer un projecteur thermique de façon qu’il rayonne en forme de cône. Aucune des cases ne sera même effleurée ; seul le campement périphérique sera volatilisé, et comme la totalité de la faction ennemie s’y trouve…
— Dois-je vraiment recommencer mes discours de la nuit dernière ? Trouvez-vous qu’il n’y a pas eu suffisamment de morts jusqu’ici ? Sans parler des répercussions traumatisantes qui se produiront chez les Tanéens qui se verront brusquement entourés d’une gigantesque éruption de lumière ardente…
— Vous avez déjà fait appel à la technologie avec votre transcepteur individuel pour diffuser ma voix, ce ne sera qu’un degré de plus.
— Un degré qui franchit le seuil interdit. Tout ce que je fais peut cadrer avec la légende de Qât et ne modifie rien dans le domaine de l’évolution. Il ne faut pas passer sur le plan cosmique, du moins de cette façon. Mais rassurez-vous, l’équipement du Blastula et votre diaphragme conique vont maintenant jouer leur rôle. Voici ce que nous allons faire…
*
* *
Tomao écarta le rideau qui fermait la tente, fit quelques pas au-dehors. La nuit était profonde, immobile, et l’écho lointain des vagues qui se brisaient au pied du plateau animait seul le silence. Il emplit lentement ses poumons de l’air frais qui descendait de la montagne, examina les constellations qui s’inclinaient vers les crêtes. Revint à l’intérieur.
— L’heure approche, fit-il. J’espère que nos hommes seront prêts quand je donnerai le signal.
— Tes ordres ont été transmis à tous les chefs de groupes. J’y ai veillé moi-même. Deux estafettes sont parties pour vérifier que toutes les dispositions ont bien été prises pour que l’assaut soit lancé simultanément de toutes parts. Dès qu’elles seront de retour après avoir parcouru le cercle, nous pourrons y aller.
Il y avait là trois hommes, accroupis sur des nattes, auprès d’une torche de résine dont la lumière rougeâtre sculptait durement leurs traits virils. C’étaient les plus proches lieutenants de Tomao, ceux qui constituaient son état-major de clan. Vêtu maintenant, comme eux, du paréo écarlate et sans autre ornement que son collier d’or, le chef rebelle s’assit en face de celui qui venait de parler.
— Répète-moi comment le signal sera retransmis ?
— C’est très simple. Un tas d’herbe sèche est préparé devant ta tente et vingt autres sont disposés tout le long de la périphérie de façon que chacun soit en vue de celui qui le précède et de celui qui le suit. Quand tu mettras le feu au tien, la flamme avertira les plus proches sentinelles, elles embraseront aussitôt le leur et ainsi de suite jusqu’au bout. Cela se fera très vite, tu verras, en moins d’une minute tous seront prévenus et se jetteront à l’attaque droit devant eux.
— Tu n’as pas oublié que les guerriers chargés de neutraliser les gardes placés aux issues doivent être précédés par des archers qui lanceront des flèches incendiaires sur les premières cases ? Je veux que les éléments avancés de l’adversaire soient pris entre un rideau de feu et notre charge, le désordre qui s’ensuivra rendra la tâche plus facile. Eh bien ! qu’attends-tu pour répondre ?
Le lieutenant secoua la tête, pressa une main sur son front.
— Que disais-tu ?… Ah ! oui, les flèches incendiaires… C’est prévu.
— Secoue-toi, ce n’est pas le moment de s’endormir, grommela Tomao.
Il demeura un moment immobile, fixant la flamme de la torche, puis tendit le bras vers une cruche de vin, but longuement, s’essuya les lèvres d’un revers de la main.
— Que font ces estafettes ? Elles devraient déjà être là… J’ai hâte que l’action commence.
— Je crois que j’entends un bruit de pas.
Presque aussitôt, la portière se souleva et un soldat parut.
— Enfin ! Tout est prêt ?
— Hein ?… Prêt ? Oui… je crois…
— Comment, tu crois ? Ton rôle était de t’en assurer !
— Pardonne-moi, cette course m’a épuisé. Permets-moi de m’asseoir…, ajouta-t-il en se laissant tomber sur le sol. J’ai vu les chefs de groupe, ils m’ont assuré que…
— Mais cet homme est ivre ! Et ton camarade, qu’en as-tu fait ?
— Mléti ? Je ne sais pas… Il était avec moi tout à l’heure…
Tomao se leva d’un élan, faillit trébucher. Un étrange étourdissement s’emparait de lui, embrumait son cerveau. Il fit deux pas vers l’homme qui, lentement, glissait sur le côté. S’allongeait complètement sur le sol.
— Et tu oses dormir ! A pareille heure ! Holà ! vous autres ! Secouez-le !
Rien ne lui répondit. Il se retourna et il lui parut tout d’abord que la lumière était en train de s’éteindre, la flamme semblait se rétrécir, laissant les ombres envahir l’intérieur de la tente. Il dut se frotter les yeux à plusieurs reprises pour parvenir à distinguer les silhouettes de ses trois lieutenants écroulés côte à côte sur leurs nattes. Un ronflement sonore s’échappa des lèvres de l’un d’entre eux.
— Eux aussi… Mais que se passe-t-il ?… Je ne…
Il sentait maintenant son corps devenir de plus en plus lourd, ses jambes se dérober sous lui. Ses paupières semblaient de plomb, il lui fallait faire un effort surhumain pour les maintenir entrouvertes. Il voulut faire un pas, trébucha de nouveau, tomba à genoux. L’image de la scène qui s’était déroulée sous les yeux de Voanna lui revint un instant à l’esprit. Cette incompréhensible inhibition qui l’avait empêché de se ruer sur ce Qât maudit et qui l’avait forcé, au contraire, à reculer, à quitter le palais… Mais, cette fois, ce n’était pas la même chose. Ce n’était que de la fatigue, une grande fatigue, un irrésistible besoin de dormir. Dans un sursaut de tout son être, il parvint à tendre le bras, à saisir la torche. Puis, mâchoires crispées, oreilles bourdonnantes, il se mit à ramper dans la direction de l’air libre, du bûcher de paille préparé pour le signal. Il parvint à s’en approcher à moins de trois mètres avant que ses forces ne l’abandonnent définitivement et, d’une ultime détente, projeta le brandon, sombra enfin dans l’inconscience. Une flamme haute et claire s’éleva dans la nuit. Mais ni à droite ni à gauche, aucune lueur ne lui répondit.
Une heure s’écoula encore avant que, là-haut, dans l’espace, aux limites de l’atmosphère, Lombard et Derek coupent l’émission des radiations inhibitrices sélectives qui arrosaient toute la périphérie de Ndégué sans effleurer la ville elle-même grâce au réglage précis du diaphragme conique. Le but du rayonnement avait été pleinement atteint, provoquant une surcharge intense des centres cérébraux du sommeil chez tous les humains qui se trouvaient dans le champ. Toutefois, les fonctions de la vie végétative demeuraient intactes, l’effet obtenu était celui d’un anesthésiant dont le principe actif était physique – une interférence de micro-ondes – au lieu d’être chimique. Mais l’intensité avait été poussée jusqu’aux limites du shock et le sommeil qui en résultait était proche du coma. Il s’écoulerait encore au moins deux heures avant qu’il ne redevienne normal et permette le réveil. Cette surintensité avait été nécessaire pour le plan d’Alan, car aussi longtemps que le projecteur du Blastula avait fonctionné, les gardes de la reine n’auraient pu pénétrer dans le campement sans être eux-mêmes endormis par les radiations. Mais maintenant, le terrain était libre pour quelque temps et l’envoyé d’Alpha donna à Oupao le signal de l’opération.
Émergeant par toutes les issues, les gardes avancèrent, se mirent silencieusement à l’ouvrage, agissant avec la plus grande rapidité possible. Sabres, lances, arcs et flèches, toutes les armes du clan furent ramassées, rassemblées, emportées à l’intérieur de la ville. Il en fut de même pour les stocks de provisions, ainsi que les tentes ; rien de ce qui constituait l’équipement des rebelles ne devait être laissé, pas même leurs vêtements. Le troupeau de lamas avait été épargné grâce à la sélectivité des radiations, il fut chassé à grands cris vers le fond du plateau et poursuivi au-delà de la vallée en direction des alpages. Tout fut terminé en une heure seulement, bien avant le délai fixé et le dernier groupe qui regagna le centre de Ndégué ramenait avec lui Tomao soigneusement ligoté. Après quoi, les gardes reprirent tranquillement leur faction tout autour de l’agglomération.
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Le soleil venait à peine de se lever lorsque les premiers clans venus des frontières lointaines firent leur apparition sur le plateau ; les guerriers étaient couverts de poussière et la fatigue qui creusait leurs traits révélait qu’ils venaient d’accomplir une marche forcée pendant la nuit. Ils traversèrent les abords de Ndégué, regardant avec stupeur cette masse d’hommes nus qui erraient lamentablement çà et là, hébétés et incapables de comprendre ce qui leur était arrivé. Bientôt, Oupao introduisait le premier de leurs chefs devant Maraoua et Alan.
— Pardonne-moi, ô reine, de me présenter devant toi sans avoir pris le temps de changer de vêtements et de laver la sueur qui me couvre. Hier, une voix mystérieuse est descendue du ciel, nous disant que tu étais en danger et qu’il fallait nous hâter. Nous avons marché toute la nuit…
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Alan demeura encore une journée entière à Ndégué, employant la majeure partie de ce temps à conférer avec Maraoua afin d’établir le premier traité d’alliance. Puis, lorsque la nuit fut tombée et que l’inévitable repas de cérémonie se fut terminé, il prit congé, déclinant fermement l’offre d’une escorte d’honneur. Seul, il s’engouffra dans la forêt, remonta le sentier jusqu’à l’épaulement où le Blastula était revenu l’attendre. Après quelques heures de repos dans sa cabine et avant que l’aube ne pointe, il reprit les commandes pour retraverser la mer et ramener la nef dans la clairière de la savane rahienne. Les trois hommes débarquèrent, laissant le Blastula-II remonter silencieusement vers son orbite d’attente. Ils étaient pleinement satisfaits des événements qui venaient de se dérouler et au cours desquels les lois fédérales touchant les relations avec les civilisations extra-terrestres avaient été à peu près respectées. La seule manifestation d’une supériorité technologique avait été cet incompréhensible sommeil qui s’était emparé du clan révolté, mais comme la cause en était demeurée invisible, cela ne constituerait qu’un chapitre de plus dans la légende de Qât et l’opération de désarmement avait été menée par Oupao et sa garde, tout comme l’incendie de l’escadre tanéenne avait été préparé par les soldats de Tahaki. De plus, ce qui satisfaisait particulièrement l’envoyé d’Alpha, il n’y avait pas eu de victimes, cette fois, à l’exception de Tomao sommairement pendu à une potence dressée au centre de la grand-place de Ndégué.
Les trois astronautes se mirent en route pour rejoindre les collines de Taoura, traversant les derniers contreforts septentrionaux vers la fin de la matinée. Après avoir pris un léger repas au bord du ruisseau qui descendait le dernier vallon, ils attaquèrent la pente en direction des jardins étagés au-dessous de la façade arrière du palais dont les lignes blanches se découpaient sur le ciel bleu. Au moment où ils achevaient de traverser les bois et franchissaient l’orée au niveau des premières pelouses, un homme sortit de derrière un massif et se précipita à leur rencontre. Alan reconnut Tahaki.
— Enfin, s’exclama celui-ci dès qu’il les eut rejoints, vous voici de retour ! J’espérais bien que vous reviendriez par la même direction que vous aviez prise pour partir… Je vous attends depuis le lever du soleil et je commençais à désespérer. J’avais peur que vous ne décidiez de passer par la ville pour rentrer, mais il est heureux qu’il n’en soit rien et que je puisse vous prévenir moi-même.
— Que se passe-t-il donc ?
— Des choses très graves, Qât. Profitant de ton absence, le Grand Prêtre t’a proclamé ennemi de Maoui ainsi que tes deux compagnons. Le Tohoun Méréti a déclaré publiquement que tu étais envoyé par les puissances du mal pour briser les tabous sacrés et entraîner Hirm tout entière vers sa perte.
— Tu ne l’as pas cru, puisque tu es ici ?
— Non, Qât. Je sais que tu es vraiment le héros que nous attendions, et beaucoup d’autres le savent avec moi. Mais cette caste est si redoutable… Et ce n’est pas tout…
— Quoi donc encore ?
— Pendant la nuit, leurs gardes ont pénétré dans le palais et ont enlevé Voanna. Elle est déchue de sa royauté et enfermée dans une prison du Manou…